J'étais mauvaise langue quand je prétendais qu'Uwe Rosenberg était incapable de produire un jeu simple. Il prouve avec Yellowstone Park qu'il sait concevoir des jeux familiaux, faciles à comprendre,
saupoudrés d'une dose raisonnable de hasard et qui titillent quand même
les neurones.
Avant d'essayer Yellowstone Park, j'entendais toutes sortes
d'échos qui me disaient qu'il était incontrôlable (il fallait
entendre, je suppose, « inintéressant »).
Après quelques parties, mon impression de départ se confirme. Certes, il
s'agit là d'un petit jeu uniquement tactique, avec plein d'impondérables
et de rebondissements. Mais l'intérêt est là, et bien là.
La
subtilité tient dans un mécanisme simple. Les hasards du
jeu - essentiellement du fait des adversaires qui jouent mal -
font que des cartes s'accumulent devant soi, elles constituent autant de risques de
prendre des pénalités. La seule façon de se débarrasser d'une partie
de ces cartes consiste à ne pas piocher après avoir joué. Dès qu'on a
réussi à poser sa sixième carte, on a la possibilité de piocher ses six
nouvelles cartes non pas du paquet commun, mais de son paquet personnel de
pénalités. Le problème, c'est que pour jouer sans piocher, on a des
mains de plus en plus petites, avec un choix qui rétrécit. Et on n'est pas
à l'abri d'être obligé de jouer une très mauvaise carte.
Hasard, calcul, prise de risque, coups fourrés se mélangent
agréablement pour donner un bon jeu familial, qui n'est certes pas
révolutionnaire, mais qui est réellement plaisant.
N.B. : Deux conseils pour terminer :
Si vous jouez à deux, appliquez impérativement les variantes très simples
proposées, sinon la partie peut s'éterniser.
Plusieurs joueurs de bon jugement n'ayant pas du tout aimé Yellowstone Park, je ne
saurais que trop vous conseiller de l'essayer avant de l'acheter.
Peut-être l'occasion d'aller enfin frapper à la porte de la ludothèque
ou du club de jeu qui est à côté de chez vous. Il n'y en a pas ?
Qu'attendez-vous pour en créer un ?
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